25 août 2010

C'est pas ma faute

    Qui n'a pas eu affaire avec un commerçant ou un client qui tente de tromper l'autre et de lui soutirer un maximum d'argent ou de bénéfice? Qui n'a pas travaillé avec un patron ou un employé qui refusait d'exécuter telle tâche ou de remplir telle obligation? Si ce n'est pas le cas pour vous, vous pouvez sans doute vous estimer heureux(se), parce que le refus des responsabilités semble gagner du terrain.

    Je suis peut-être aux prises avec un mauvais karma, mais une série de mésaventures au cours des derniers jours m'a fait réfléchir à ce qu'il me semble être une réelle et croissante faille dans notre société. J'entends par là que la femme qui en percute une autre avec son chariot dans un supermarché et qui n'a rien d'autre à dire que "oups" est dans  la même catégorie morale que l'homme qui boit trop (on parle ici de facultés affaiblies) et prend ensuite le volant de son bolide: dans les deux cas il s'agit d'un refus des responsabilités et du mépris de l'autre.

    Les humains sont faillibles. S'excuser lorsque l'on cause du tort à quelqu'un, penser aux conséquences que nos gestes pourraient avoir sur les autres et s'imposer volontairement des limites pour ne pas nuire au prochain sont autant de conditions nécessaires au bon fonctionnement d'une société qui se veut "éclairée". Nous ferons immanquablement des erreurs; le secret de l'harmonie sociale est de chercher à en réduire le nombre et la gravité, ainsi que de faire amende honorable et réparer les pots cassés.

    "C'est pas de ma faute" et les autres formes de déresponsabilisation menacent notre perdurance en tant que société parce qu'elles conduisent à "chacun pour soi" et à "moi avant les autres". 10 000 personnes dans un village ne forment pas une communauté. C'est quand chacun accepte ses responsabilités de citoyen(ne) que les liens communautaires peuvent s'établir. Une personne sans responsabilité est un non-adulte.

***

    Je pense être une personne raisonnable, et je sais que nous avons tous nos propres limites. C'est pourquoi je comprends très bien qu'un élève ait de la difficulté avec une technique particulière, qu'un genou abîmé puisse rendre l'exécution d'un mouvement douloureux ou même impossible, etc. Cependant, je n'accepte pas qu'un élève me dise, lorsque je remarque une erreur, "Mais non, je le fais comme il le faut!"

    Si je dis qu'il y a un problème, c'est qu'il y en a un. Nier, rejeter la responsabilité de l'erreur ne changera pas la réalité. Les meilleures réponses sont: "Je n'ai pas bien compris; montre-moi encore", "Je vais réessayer" ou simplement "hai!"

    Un des principes fondamentaux du iaido est:
L'Épée est le Coeur
Si le Coeur est vertueux, l'Épée le sera aussi
Si tu désires connaître l'Épée
Tu dois absolument connaître ton Coeur
    Mais pour connaître son coeur, il faut avoir l'humilité de reconnaître ses torts et ses défauts, ainsi que prendre les moyens pour s'améliorer. Ceux et celles qui y parviennent sont de vrai(e)s citoyen(ne)s.

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