31 oct. 2011

Des nouvelles du Taikai

Au lendemain du Taikai annuel à Osaka, voici les nouvelles.

Tout d'abord, la compétition
J'étais inscrit dans la catégorie des 5e dan, qui comptait environ 50 participants. Ma première expérience, il y a environ 5 ans, avait été une déconfiture royale, notamment à cause de mon manque de concentration. (Ah! le stress!) Cette fois-ci, j'ai donc mis l'accent sur le contrôle et l'exactitude des mouvements, chose que j'ai réalisée par une exécution à basse vitesse. En bref, j'ai tout misé sur le "Sei" de "Sei-Soku-Kyo-I" (正速強威; Exactitude-Vitesse-Force-"Intensité"). Mon premier adversaire n'a pas fait le poids, mais le deuxième a eu raison de moi. C'est d'ailleurs lui qui a remporté le premier prix dans notre catégorie.

Hansei (反省; "remords" ou "post-mortem")
Les commentaires de Morisaki Sensei résument bien l'ensemble des critiques (positives et négatives) que j'ai reçues: le contrôle (beaucoup de Sei) que j'avais était évidement, et je n'ai pas fait d'erreur technique notable. Cependant, mon exécution à basse vitesse (très peu de Soku) pouvait laisser croire que je n'avais que peu de force (Kyo), ce qui a sapé la plupart de mon "intensité" (I). Si j'avais exécuté mes waza comme je le fais au dojo, j'aurais peut-être pu battre mon deuxième adversaire, car s'il n'a pas fait d'erreur remarquable, sa performance n'était pas exceptionnelle.

Cela dit, il était lui aussi sous le feu de la rampe, mais il a quand même réussi à contrôler son niveau de stress jusqu'à la fin...

Bon. On réessaiera dans un an ou deux.

Shodan Shinsa (昇段審査; Évaluation pour le passage des grades)
C'est en après-midi qu'a eu lieu l'évaluation pour le passage des grades. J'ai passé un examen technique devant un groupe de 5 juges, qui évaluaient 6 iaidoka en même temps. L'examen consistait en l'exécution de 5 waza, dont une était déterminée (Zengo giri, de la série Toho). J'ai complété ma liste par Yaegaki, Tsukekomi, Inazuma et Iwanami. Tout s'est très bien déroulé pour moi, puisque l'examen portait d'abord et avant tout sur l'aspect technique de l'exécution; comme je n'ai fait aucune erreur, et que mon enchaînement, mon rythme et mon zanshin étaient corrects, c'était dans la poche. J'ai donc maintenant le rang de 6e dan de la Zen Nihon Iaido Renmei, tout comme la plupart des directeurs de la Canadian Iaido Association.

Le meilleur (et le pire) du Zenkoku Taikai
Participer au Taikai annuel est une expérience à la fois très enrichissante, mais aussi très frustrante. On en sort grandi par toutes ces démonstrations techniques vraiment, vraiment incroyables (je pense notamment à celle de KUNII Erika Sensei, de Hokkaido) et les perles de sagesses comme celle dont Honmyo Sensei, de Hiroshima, m'a fait part ("Ne regarde pas les autres pour trouver ce qu'ils font de mauvais; tu connais toutes ces erreurs parce que tu les as commises toi-même. Cherche ce qu'ils font de bien, parce que c'est ce que tu n'es pas encore capable de faire.")

Par contre, il faut bien admettre que le Taikai n'est qu'un lieu de compétition, car la chose politique est omniprésente. Et il faut y participer avec une bonne dose de philosophie: un des résultats des compétitions où les résultats dépendent entièrement de la décision de trois juges, c'est qu'on peut voir un concurrent défait pleurer des larmes amères, alors que l'adversaire avait pourtant fait de grossières erreurs...

Et je ne parle pas de ceux qui veulent manipuler les hiérarchies par des déclarations carrément mensongères, comme celui (qui restera sans nom) qui voulait élever son disciple au-dessus de moi en disant que je commettais une erreur de débutant (Shinite (死手; la main morte)). Par chance, les personnes présentes ont vu à travers son jeu, et les vidéos de mes performances sont là pour rester. Mais on peut imaginer comment de telles scènes peuvent changer les relations dans l'univers ultra-hiérarchisé des arts martiaux japonais...

Le mot de la fin
Je suis bien content d'avoir participé à la compétition et encore plus de toutes les choses que j'y ai apprises. J'ai bien hâte de retourner au pays pour en parler avec mes élèves. J'espère qu'ils auront assez de détermination (et les sous...!) pour y participer un jour. Ils y trouveront sans doute eux aussi de nouvelles bases pour grandir davantage.

11 oct. 2011

Quand c'est la lame qui mène

Voici donc un court compte-rendu de l'entraînement d'hier au Kikusuikai de Setoda.

Après un réchauffement d'une durée de 30 minutes, nous avons procédé à une répétition générale en vue du tournoi d'Osaka, c'est-à-dire que nous avons pratiqué en incorporant les rituels et les instructions qui seront en vigueur au cours de l'événement. Chaque participant a donc pratiqué six séries de waza, comme nous devrons le faire si nous nous rendons en finale de nos divisions respectives.

Pour ma part, en plus des waza de la série toho (que tous doivent utiliser), je prévois pratiquer trois waza de la série seiza, une waza de la série batto-ho, deux waza de la série tachihiza et deux waza de la série oku, tachiwaza. Il est important de noter que la difficulté relative de chaque waza est moins importante que le degré de perfection de l'exécution...

Pour terminer, une perle de sagesse de Morisaki Sensei:

katana ni furareru (se faire mener par le katana)

C'est une expression qui réfère à quelqu'un qui se concentre trop sur le fait de frapper avec la lame et qui, par conséquent, en vient à perdre le contrôle de ses mouvements. Par exemple, un problème relativement commun aux débutants, au iaido comme au kendo, est le hochement de tête qui survient au moment de la frappe. C'est pourquoi il est crucial de mettre l'accent dès le début sur la forme, sur le maintien d'une position correcte. Autrement on risque de voir ce problème perdurer et de devoir passer plus de temps pour le corriger plus tard.

10 oct. 2011

Près d'un mois d'écoulé; nouvelles

J'ai passé près d'un mois à Setoda, et je dois dire que bien peu de choses ont changé depuis que je suis parti, en 2009.

Bon. Je n'ai pas de voiture, pas plus de téléphone cellulaire, et cela rend le fait d'habiter sur une petite île relativement... peu commode. Cela dit, j'ai tout le temps requis pour l'étude et la pratique, ce que j'ai fait sans arrêt, et sans me faire prier non plus!

D'abord, des nouvelles du dojo principal: Morisaki Sensei, qui remporte sans faute toutes les compétitions locales et régionales, s'est fait accorder l'honneur d'ouvrir un nouveau chapitre de la Fédération de iaido de la préfecture de Hiroshima. Il est donc le responsable de la région de Bingo (Mihara, Onomichi, et Fukuyama), et il siège maintenant sur le conseil d'administration de la Fédération. Il est maintenant plus occupé, mais il a également le support de la Fédération lors de la préparation d'événements, alors...

En ce qui me concerne, la pratique du iaido sous la supervision de Morisaki Sensei me fait le plus grand bien. C'est comme un retour aux sources. J'aime également l'atmosphère de l'entraînement; c'est comme si je n'étais jamais parti... Je me prépare bien sûr en vue du tournoi national, mais je consacre également du temps à la pratique des waza les plus avancées. J'ai du pain sur la planche, quoi!

La semaine dernière, je suis allé faire un tour à l'un des dojo de Ishibe Sensei, à Okayama. Son approche est quelque peu différente de celle de Morisaki Sensei, sans doute en raison de ses nombreuses années d'expérience d'enseignement à l'étranger. Il privilégie en effet les waza de la série battoho 抜刀法, qu'il considère une meilleure façon d'améliorer son iaido. Ishibe Sensei me dit que je dois également privilégier les waza de la série battoho, prétextant que les non-Japonais ne peuvent pas s'agenouiller... Bon, il ne veut pas dire moi, mais...

Morisaki Sensei, lui, préfère mettre l'accent sur la série seiza 正座, pour plusieurs raisons. D'emblée, ce sont-là les waza authentiques les plus récentes (en contraste avec le battoho qui date de la première moitié du XXe siècle). Par ailleurs, le fait de pratiquer le iaido avec une armure (parce que c'est ce dont il s'agit dans le cas des waza de la série tachihiza 立膝) n'étant pas vraiment possible de nos jours, les waza en seiza sont donc une alternative convenable.

Enfin...

Voici donc pour les nouvelles en bref. J'ai un entraînement ce soir; j'en ferai un compte-rendu très bientôt.