17 déc. 2011

Le temps des fêtes; nouvel horaire; hatsu nuki

Nous voici donc à la fin de l'année 2011. Les festivités au Japon ne seront pas reliées à Noël, mais bien au jour de l'an. (Remarquez, les jeunes couples profitent des endroits décorés "comme à Noël" pour faire une sortie spéciale...) Les différences entre les deux cultures ne s'arrêtent pas là: leur calendrier est à la fois un pastiche du nôtre, un vestige du passé (les années sont également comptées à partir du début du règne de l'empereur vivant), et une galvaude de traditions diverses (les calendriers sont annotés avec les jours "chanceux", "malchanceux" et autres, dans la tradition bouddhiste; les phases de la lune et les marées sont indiquées avec toute la précision de la science moderne, etc.) Et bien souvent, les jours sont notés en chiffres "arabes", les mois en kanji (chinois), et les jours en japonais et en anglais.

Bref, tout pour faire mentir les ultra-nationalistes qui ne jurent que par l'unicité de la civilisation nippone...

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Nous sommes en pause jusqu'au 8 janvier. L'horaire des cours risque de changer (question de disponibilité des locaux); ils commenceront probablement légèrement plus tard, donc surveillez ce blogue.

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Beaucoup de iaidoka ont une tradition qu'ils observent le premier janvier: le hatsu nuki (初抜き; littéralement, "premier retrait"), c'est-à-dire la première séance d'entraînement. Il est en effet répandu de commencer l'année avec une période d'entraînement, souvent au sanctuaire shinto le plus près, afin d'obtenir la bénédiction des kami ("dieux" ou "esprits", dans la tradition japonaise) pour l'année qui vient. J'ai déjà participé deux fois à un tel rituel, qui est empreint d'une solennité encore plus prononcée qu'à l'habitude. Je ne ferai pas la même chose ici, cette année (ne serait-ce que parce qu'il n'y a rien d'ouvert ce jour-là...) mais j'aurai une pensée pour Morisaki Sensei et tous les autres iaidoka qui participeront au rituel.

Là-dessus, profitez bien du temps des fêtes; on se retrouvera l'an prochain.

14 nov. 2011

Dernière séance, retour au bercail

Aujourd'hui a eu lieu la dernière séance d'entraînement prévue avant mon retour au pays. Elle a été particulièrement intéressante, parce que Morisaki Sensei m'a fait part de son "top 10" (il n'y en avait pas vraiment 10, mais bon, vous comprenez...) des choses à enseigner aux étudiants de différents niveaux. J'ai vraiment apprécié de revoir ainsi certaines des choses qu'il m'a enseignées au cours des années; avec le recul, j'ai pu constater comment chaque nouvelle connaissance s'imbriquait dans la même trame, constituant un tout harmonieux... Le plus impressionant est la manière avec laquelle il arrive à doser l'enseignement en fonction de la capacité d'absorption de chacun de ses élèves, sans toutefois se montrer paternaliste. J'espère un jour arriver à transmettre aussi bien que lui mon savoir à mes propres élèves.

Je suis bien triste de devoir partir, et je me demande bien quand je pourrai de nouveau recevoir l'enseignement de Morisaki Sensei, de Makimoto Sensei, et de Nishino Sensei. Tous les trois m'ont dit qu'ils viendrait à Repentigny (ou Montréal) si je les appelais pour un séminaire intensif, et je leur ai assuré que je le ferais dès que les conditions (surtout budgétaires...) seront réunies. Bob Davis Sensei m'a suggéré que la chose était envisageable dans un avenir proche; j'espère que les kenshi (剣士; les pratiquants de l'art de l'épée, ce qui inclut les iaidoka et les kendoka) de la région et d'ailleurs seront au rendez-vous!

Allez, on remballe tout et on y va.

31 oct. 2011

Des nouvelles du Taikai

Au lendemain du Taikai annuel à Osaka, voici les nouvelles.

Tout d'abord, la compétition
J'étais inscrit dans la catégorie des 5e dan, qui comptait environ 50 participants. Ma première expérience, il y a environ 5 ans, avait été une déconfiture royale, notamment à cause de mon manque de concentration. (Ah! le stress!) Cette fois-ci, j'ai donc mis l'accent sur le contrôle et l'exactitude des mouvements, chose que j'ai réalisée par une exécution à basse vitesse. En bref, j'ai tout misé sur le "Sei" de "Sei-Soku-Kyo-I" (正速強威; Exactitude-Vitesse-Force-"Intensité"). Mon premier adversaire n'a pas fait le poids, mais le deuxième a eu raison de moi. C'est d'ailleurs lui qui a remporté le premier prix dans notre catégorie.

Hansei (反省; "remords" ou "post-mortem")
Les commentaires de Morisaki Sensei résument bien l'ensemble des critiques (positives et négatives) que j'ai reçues: le contrôle (beaucoup de Sei) que j'avais était évidement, et je n'ai pas fait d'erreur technique notable. Cependant, mon exécution à basse vitesse (très peu de Soku) pouvait laisser croire que je n'avais que peu de force (Kyo), ce qui a sapé la plupart de mon "intensité" (I). Si j'avais exécuté mes waza comme je le fais au dojo, j'aurais peut-être pu battre mon deuxième adversaire, car s'il n'a pas fait d'erreur remarquable, sa performance n'était pas exceptionnelle.

Cela dit, il était lui aussi sous le feu de la rampe, mais il a quand même réussi à contrôler son niveau de stress jusqu'à la fin...

Bon. On réessaiera dans un an ou deux.

Shodan Shinsa (昇段審査; Évaluation pour le passage des grades)
C'est en après-midi qu'a eu lieu l'évaluation pour le passage des grades. J'ai passé un examen technique devant un groupe de 5 juges, qui évaluaient 6 iaidoka en même temps. L'examen consistait en l'exécution de 5 waza, dont une était déterminée (Zengo giri, de la série Toho). J'ai complété ma liste par Yaegaki, Tsukekomi, Inazuma et Iwanami. Tout s'est très bien déroulé pour moi, puisque l'examen portait d'abord et avant tout sur l'aspect technique de l'exécution; comme je n'ai fait aucune erreur, et que mon enchaînement, mon rythme et mon zanshin étaient corrects, c'était dans la poche. J'ai donc maintenant le rang de 6e dan de la Zen Nihon Iaido Renmei, tout comme la plupart des directeurs de la Canadian Iaido Association.

Le meilleur (et le pire) du Zenkoku Taikai
Participer au Taikai annuel est une expérience à la fois très enrichissante, mais aussi très frustrante. On en sort grandi par toutes ces démonstrations techniques vraiment, vraiment incroyables (je pense notamment à celle de KUNII Erika Sensei, de Hokkaido) et les perles de sagesses comme celle dont Honmyo Sensei, de Hiroshima, m'a fait part ("Ne regarde pas les autres pour trouver ce qu'ils font de mauvais; tu connais toutes ces erreurs parce que tu les as commises toi-même. Cherche ce qu'ils font de bien, parce que c'est ce que tu n'es pas encore capable de faire.")

Par contre, il faut bien admettre que le Taikai n'est qu'un lieu de compétition, car la chose politique est omniprésente. Et il faut y participer avec une bonne dose de philosophie: un des résultats des compétitions où les résultats dépendent entièrement de la décision de trois juges, c'est qu'on peut voir un concurrent défait pleurer des larmes amères, alors que l'adversaire avait pourtant fait de grossières erreurs...

Et je ne parle pas de ceux qui veulent manipuler les hiérarchies par des déclarations carrément mensongères, comme celui (qui restera sans nom) qui voulait élever son disciple au-dessus de moi en disant que je commettais une erreur de débutant (Shinite (死手; la main morte)). Par chance, les personnes présentes ont vu à travers son jeu, et les vidéos de mes performances sont là pour rester. Mais on peut imaginer comment de telles scènes peuvent changer les relations dans l'univers ultra-hiérarchisé des arts martiaux japonais...

Le mot de la fin
Je suis bien content d'avoir participé à la compétition et encore plus de toutes les choses que j'y ai apprises. J'ai bien hâte de retourner au pays pour en parler avec mes élèves. J'espère qu'ils auront assez de détermination (et les sous...!) pour y participer un jour. Ils y trouveront sans doute eux aussi de nouvelles bases pour grandir davantage.

11 oct. 2011

Quand c'est la lame qui mène

Voici donc un court compte-rendu de l'entraînement d'hier au Kikusuikai de Setoda.

Après un réchauffement d'une durée de 30 minutes, nous avons procédé à une répétition générale en vue du tournoi d'Osaka, c'est-à-dire que nous avons pratiqué en incorporant les rituels et les instructions qui seront en vigueur au cours de l'événement. Chaque participant a donc pratiqué six séries de waza, comme nous devrons le faire si nous nous rendons en finale de nos divisions respectives.

Pour ma part, en plus des waza de la série toho (que tous doivent utiliser), je prévois pratiquer trois waza de la série seiza, une waza de la série batto-ho, deux waza de la série tachihiza et deux waza de la série oku, tachiwaza. Il est important de noter que la difficulté relative de chaque waza est moins importante que le degré de perfection de l'exécution...

Pour terminer, une perle de sagesse de Morisaki Sensei:

katana ni furareru (se faire mener par le katana)

C'est une expression qui réfère à quelqu'un qui se concentre trop sur le fait de frapper avec la lame et qui, par conséquent, en vient à perdre le contrôle de ses mouvements. Par exemple, un problème relativement commun aux débutants, au iaido comme au kendo, est le hochement de tête qui survient au moment de la frappe. C'est pourquoi il est crucial de mettre l'accent dès le début sur la forme, sur le maintien d'une position correcte. Autrement on risque de voir ce problème perdurer et de devoir passer plus de temps pour le corriger plus tard.

10 oct. 2011

Près d'un mois d'écoulé; nouvelles

J'ai passé près d'un mois à Setoda, et je dois dire que bien peu de choses ont changé depuis que je suis parti, en 2009.

Bon. Je n'ai pas de voiture, pas plus de téléphone cellulaire, et cela rend le fait d'habiter sur une petite île relativement... peu commode. Cela dit, j'ai tout le temps requis pour l'étude et la pratique, ce que j'ai fait sans arrêt, et sans me faire prier non plus!

D'abord, des nouvelles du dojo principal: Morisaki Sensei, qui remporte sans faute toutes les compétitions locales et régionales, s'est fait accorder l'honneur d'ouvrir un nouveau chapitre de la Fédération de iaido de la préfecture de Hiroshima. Il est donc le responsable de la région de Bingo (Mihara, Onomichi, et Fukuyama), et il siège maintenant sur le conseil d'administration de la Fédération. Il est maintenant plus occupé, mais il a également le support de la Fédération lors de la préparation d'événements, alors...

En ce qui me concerne, la pratique du iaido sous la supervision de Morisaki Sensei me fait le plus grand bien. C'est comme un retour aux sources. J'aime également l'atmosphère de l'entraînement; c'est comme si je n'étais jamais parti... Je me prépare bien sûr en vue du tournoi national, mais je consacre également du temps à la pratique des waza les plus avancées. J'ai du pain sur la planche, quoi!

La semaine dernière, je suis allé faire un tour à l'un des dojo de Ishibe Sensei, à Okayama. Son approche est quelque peu différente de celle de Morisaki Sensei, sans doute en raison de ses nombreuses années d'expérience d'enseignement à l'étranger. Il privilégie en effet les waza de la série battoho 抜刀法, qu'il considère une meilleure façon d'améliorer son iaido. Ishibe Sensei me dit que je dois également privilégier les waza de la série battoho, prétextant que les non-Japonais ne peuvent pas s'agenouiller... Bon, il ne veut pas dire moi, mais...

Morisaki Sensei, lui, préfère mettre l'accent sur la série seiza 正座, pour plusieurs raisons. D'emblée, ce sont-là les waza authentiques les plus récentes (en contraste avec le battoho qui date de la première moitié du XXe siècle). Par ailleurs, le fait de pratiquer le iaido avec une armure (parce que c'est ce dont il s'agit dans le cas des waza de la série tachihiza 立膝) n'étant pas vraiment possible de nos jours, les waza en seiza sont donc une alternative convenable.

Enfin...

Voici donc pour les nouvelles en bref. J'ai un entraînement ce soir; j'en ferai un compte-rendu très bientôt.

11 sept. 2011

De retour en novembre!

Le moment du départ est arrivé: je gagne le Japon demain, et j'y passerai quelques semaines qui seront sans doute merveilleuses.

Je passerai bien sûr une bonne part de mon temps à m'entraîner avec Morisaki Sensei, et j'irai également faire dérouiller la mécanique avec les sensei du Tachibana Kendo Club. Je ferai des comptes-rendus de temps à autres, et j'ai bien l'intention de publier ici certaines vidéos que je prendrai au cours des entraînements. Enfin, je donnerai les résultats des membres du Kikusuikai au championnat national qui se déroulera à la fin d'octobre.

Bref, ce sera un automne chargé, un automne comme on les aime.

En ce qui a trait aux pratiques à Repentigny et à l'Université McGill, elles sont bien entendu en veilleuse jusqu'à mon retour. N'hésitez cependant pas à communiquer avec moi par courriel pour discuter des pratiques qui auront lieu en novembre. D'ici là, passez un excellent automne, et à bientôt!

19 juin 2011

Voyage au Japon

C'est décidé: je me rendrai au Japon au mois de septembre et passerai environ deux mois là-bas. Il s'agira d'un premier séjour en un peu plus d'un an; il me tarde de m'y rendre!

Bien entendu, la pratique du iaido (et possiblement du kendo!) fera partie du programme. Je compte passer environs deux semaines à Setoda, où je profiterai de l'enseignement de Morisaki Sensei, et je prévois également visiter certains dojo afin de revoir des iaidoka et des kendoka que j'ai rencontrés au cours de mon long séjour au Japon.

Je dis que je les ai rencontrés, mais en japonais je dirais plutôt お世話になった (o sewa ni natta). Il s'agit d'une expression qui signifie à peu près "être à la charge de quelqu'un", ou "être l'objet des attentions de quelqu'un". Certaines de ces personnes m'ont directement enseigné (comme Makimoto Sensei, Nishino Sensei et Morimoto Sensei de Setoda, ou Ishibe Sensei de Kurashiki), d'autres m'ont fait part de perles de sagesse (comme Ishida Sensei de Hiroshima)... Et c'est sans parler de ceux qui, tel Ikeda Soke, m'ont carrément permis de devenir l'iaidoka que je suis! Ils ont tous ma gratitude, et la moindre des choses est d'aller les voir lorsque je me rends au Japon.

Maintenant, le plus grand des problèmes reste les o-miyage, ces cadeaux obligatoires que je dois préparer pour tous et chacun: Qui héritera des 2 seules bouteilles d'alcool que je peux emmener avec moi? Hmmmm...

11 juin 2011

Une nouvelle étape!

Le Centre Sportif de l'Université McGill m'a accordé la permission d'y pratiquer et d'enseigner le iaido! C'est un immense privilège, compte tenu de la réticence naturelle (et légitime) qu'ont les autorités d'institutions scolaires vis-à-vis les arts martiaux, en particulier ceux qui incluent le maniement d'armes. Cela dit, je me réjouis de ce que l'Université McGill fasse preuve d'une grande ouverture, une ouverture qui permet à ses étudiants de multiplier leurs contacts avec des traditions culturelles étrangères.

J'ai fait un premier essai, en solo, du studio de danse (http://www.mcgill.ca/athletics/facilities/gymnasium/) et je l'ai trouvé tout-à-fait adéquat à la pratique de iaido. J'accueillerai mon premier McGillian mardi prochain; j'espère lui communiquer ma passion pour le iaido, et que cette session d'essai se transformera en habitude!

16 avr. 2011

Des photos du séminaires à Lévis

Voici donc quelques photographies prises au cours du séminaire de au dojo de Lafrance Sensei à Lévis, qui a eu lieu la semaine dernière.


De gauche à droite: Daniel Lachapelle, Bob Davis, Benoît Lafrance

Nous y avons pratiqué...


Avec certains des élèves de Lafrance Sensei



J'ai de bons souvenirs du séminaire, et j'ai bien hâte de pratiquer de nouveaux avec les iaidoka de Lévis!

12 avr. 2011

Ajout: Historique du Kikusuikai

Je viens d'ajouter une nouvelle page à ce blog. Il s'agit d'une brève histoire du dojo Kikusuikai, dont Kikusuikai Canada est une incarnation d'outre-mer. Je vous invite à le consulter.

10 avr. 2011

Séminaire à Lévis

Du 9 au 10 avril avait lieu un séminaire de iaido au dojo de Benoît Lafrance Sensei à Lévis. J'ai eu le plaisir d'y participer. Parmi les participants se trouvaient certains des étudiants de Lafrance Sensei, qui montraient tous beaucoup de talent, et le potentiel de se rendre loin dans la pratique du iaido MJER. Leur instructeur fait bien son boulot!

Bien entendu, c'est la présence de Bob Davis Sensei, l'instructeur personnel de Lafrance Sensei, qui a fait toute la différence. Cumulant plus de 30 ans d'expérience, sa connaissance avancée du iaido a rendu l'entraînement d'autant plus riche. Il va sans dire que j'ai beaucoup appris, et que nous avons pu échanger au sujet des différences "old school/new school", les variations qui ont accompagné les dernières générations de soke, etc.

J'ai bien hâte de revoir tous les iaidoka de Lévis et de partager un entraînement avec eux. Merci à Lafrance Sensei pour l'invitation, et félicitations pour un événement rondement organisé!

Pour plus d'information au sujet du dojo de Lafrance Sensei et de Davis Sensei, consultez le site: http://www.iaidoeast.com/

2 avr. 2011

Être prêt(e)

Le terme "iaido", qui s'écrit 居合道 en japonais, a été interprété de plusieurs façons. J'ai souvent lu et entendu que cela signifiait "la voie de la rencontre en position assise", en référence à la position assise (c'est d'ailleurs un des sens du caractère 居) au début d'un grand nombre de techniques, et au fait que l'iaidoka anticipe, qu'il "va à la rencontre" de l'attaque (le caractère 合 signifie notamment "rencontrer" ou "unir").

Morisaki Sensei, quant à lui, m'a rappelé le fait que le caractère 居 était autrefois utilisé pour signifier le verbe "être". Dans ce contexte, le terme "iai" implique l'état d'union avec son environnement; la personne qui maîtrise l'iai est prête à rencontrer toute forme de menace.

Cette interprétation est particulièrement riche de sens lorsque l'on considère que les techniques d'iai comprenaient autrefois des manipulations et projections à mains nues (sans être directement reliés, l'iaido serait donc en quelque sorte un cousin éloigné du jujutsu...), des méthodes de ficellage (certains prisonniers valaient plus vivants que morts...), etc. L'entraînement des iaidoka de jadis visaient donc vraiment à les rendre capables de réagir en toute situation.

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Prendre des précautions est généralement reconnu comme une marque de sagesse. Les Japonais ont récemment englouti des sommes énormes pour rendre les bâtiments publics, notamment les écoles, résistants aux séismes. La récente activité sismique, qui a battu des records absolus en terme de puissance des secousses enregistrées, a permis de constater le haut degré technologique et technique nippon: très peu d'écoles ont été sérieusement endommagées, même dans les endroits les plus touchés.

Il y a cependant une conséquence tragique à cette prévoyance: si la plupart des écoliers sont sortis indemnes du premier tremblement de terre (à 14:00, les enfants sont à l'école), bon nombre de leurs parents habitaient et travaillaient dans des endroits qui n'étaient pas résistants aux secousses...

18 mars 2011

Commencer en s'inclinant, terminer en s'inclinant

Leur politesse est presque légendaire, pour de bonnes et de mauvaises raisons. On a tellement fait de cas de leur savoir-vivre, leur discrétion, etc., etc., qu'on a pratiquement enlevé le droit aux Japonais de faire preuve d'impatience, d'être impolis, bref, d'être humains.

Qu'on ne se trompe pas: je suis moi-même charmé à chaque fois que je me rends au Japon, et je rêve du jour où les gens d'ici comprendront enfin les bienfaits des rapports humains empreints de respect pour l'autre.

Cela dit, il est essentiel de faire la part des choses et de réaliser que ces marques de politesse qui ont fait la réputation des Japonais sont en fait des comportements acquis; les parents enseignent à leurs enfants les formules, rituels et autres formalités et ce, dès leur plus jeune âge. Il ne faut donc pas s'étonner qu'un des premiers enseignements dispensés dans les cours de kendo et d'iaido est:

稽古は、礼で始まり、礼で終わる (Keiko ha, rei de hajimari, rei de owaru)

Ou, en français, "L'entraînement commence en s'inclinant et se termine en s'inclinant."

S'incliner en entrant dans le dojo, s'incliner avant de recevoir l'enseignement du sensei, s'incliner devant son katana avant de le mettre à sa ceinture, toutes ces marques de respect et d'humilité ne sont pas qu'accessoires. Elles démontrent l'importance que le lieu (où l'enseignement qu'on recherche est donné), la personne (qui partage son savoir) et l'objet (dans lequel se concentrent les efforts et qui "protège la vie" de celui ou celle qui le manie) a pour soi. Elles préparent l'esprit à recevoir l'enseignement, en supprimant cette fierté, cet entêtement et cette arrogance qui empêchent les coeurs de se parler de façon calme et directe. Les mêmes gestes à la fin de l'entraînement expriment la gratitude de celui ou celle qui a reçu l'enseignement--n'est-ce pas normal de dire "merci" lorsque quelqu'un fait quelque chose pour soi?--et scelle le lien qui a été renforcé au cours de l'entraînement. C'est ainsi que l'élève en viendra à apprécier à sa juste valeur l'enseignement de son maître, et que celui-ci verra en totalité la valeur--en tant qu'Être Humain, c'est-à-dire un être fondamentalement social--de son élève.

C'est la pratique de ces rituels au quotidien qui, avec les années, font des gens des personnes polies et respectueuses des autres.

15 mars 2011

Reconstruisons!

Depuis quelques jours, une vidéo sur Youtube a un effet monstre sur les réseaux sociaux au Japon. Voici le lien:

http://www.youtube.com/watch?v=2zeroCZSrjo

En quelques mots, ces trois personnes âgées, qui sont restées prisonnières de leur maison en ruines pendant 42 heures, ont été secourues par la Force d'auto-défense (ji ei tai 自衛隊). La réaction de l'homme:

"Ça va! J'ai aussi vécu le tsunami du Chili [probablement en référence au tsunami du 22 mai 1960] alors ça va. Reconstruisons!"

C'est une puissante leçon de courage dans l'adversité, ça, non?

13 mars 2011

Catastrophe, consternation, action

Il y a 4 jours à peine, la nature a rappelé au monde combien nous sommes petits. Les Japonais, qui se sont dotés du nec plus ultra en matière d'équipement de prévention et d'intervention en cas de tremblements de terre, se retrouvent aujourd'hui avec la lourde tâche de rebâtir... et d'enterrer leurs morts.

Ma réaction toute personnelle, moi qui regarde toutes ces scènes de destruction de loin, est de penser que les catastrophes n'arrivent jamais "qu'aux autres", parce que j'y suis maintenant rattaché, à ces autres.

Parlez-moi de transnationalisme, pour voir...

J'ai en tête le poème de Voltaire, le Désastre de Lisbonne, un poème qui réflète sans doute les pensées de beaucoup de personnes...

Allez, faites comme nous, et donnez à la Croix Rouge.

日本の皆様、頑張ってください。