18 mars 2011

Commencer en s'inclinant, terminer en s'inclinant

Leur politesse est presque légendaire, pour de bonnes et de mauvaises raisons. On a tellement fait de cas de leur savoir-vivre, leur discrétion, etc., etc., qu'on a pratiquement enlevé le droit aux Japonais de faire preuve d'impatience, d'être impolis, bref, d'être humains.

Qu'on ne se trompe pas: je suis moi-même charmé à chaque fois que je me rends au Japon, et je rêve du jour où les gens d'ici comprendront enfin les bienfaits des rapports humains empreints de respect pour l'autre.

Cela dit, il est essentiel de faire la part des choses et de réaliser que ces marques de politesse qui ont fait la réputation des Japonais sont en fait des comportements acquis; les parents enseignent à leurs enfants les formules, rituels et autres formalités et ce, dès leur plus jeune âge. Il ne faut donc pas s'étonner qu'un des premiers enseignements dispensés dans les cours de kendo et d'iaido est:

稽古は、礼で始まり、礼で終わる (Keiko ha, rei de hajimari, rei de owaru)

Ou, en français, "L'entraînement commence en s'inclinant et se termine en s'inclinant."

S'incliner en entrant dans le dojo, s'incliner avant de recevoir l'enseignement du sensei, s'incliner devant son katana avant de le mettre à sa ceinture, toutes ces marques de respect et d'humilité ne sont pas qu'accessoires. Elles démontrent l'importance que le lieu (où l'enseignement qu'on recherche est donné), la personne (qui partage son savoir) et l'objet (dans lequel se concentrent les efforts et qui "protège la vie" de celui ou celle qui le manie) a pour soi. Elles préparent l'esprit à recevoir l'enseignement, en supprimant cette fierté, cet entêtement et cette arrogance qui empêchent les coeurs de se parler de façon calme et directe. Les mêmes gestes à la fin de l'entraînement expriment la gratitude de celui ou celle qui a reçu l'enseignement--n'est-ce pas normal de dire "merci" lorsque quelqu'un fait quelque chose pour soi?--et scelle le lien qui a été renforcé au cours de l'entraînement. C'est ainsi que l'élève en viendra à apprécier à sa juste valeur l'enseignement de son maître, et que celui-ci verra en totalité la valeur--en tant qu'Être Humain, c'est-à-dire un être fondamentalement social--de son élève.

C'est la pratique de ces rituels au quotidien qui, avec les années, font des gens des personnes polies et respectueuses des autres.

15 mars 2011

Reconstruisons!

Depuis quelques jours, une vidéo sur Youtube a un effet monstre sur les réseaux sociaux au Japon. Voici le lien:

http://www.youtube.com/watch?v=2zeroCZSrjo

En quelques mots, ces trois personnes âgées, qui sont restées prisonnières de leur maison en ruines pendant 42 heures, ont été secourues par la Force d'auto-défense (ji ei tai 自衛隊). La réaction de l'homme:

"Ça va! J'ai aussi vécu le tsunami du Chili [probablement en référence au tsunami du 22 mai 1960] alors ça va. Reconstruisons!"

C'est une puissante leçon de courage dans l'adversité, ça, non?

13 mars 2011

Catastrophe, consternation, action

Il y a 4 jours à peine, la nature a rappelé au monde combien nous sommes petits. Les Japonais, qui se sont dotés du nec plus ultra en matière d'équipement de prévention et d'intervention en cas de tremblements de terre, se retrouvent aujourd'hui avec la lourde tâche de rebâtir... et d'enterrer leurs morts.

Ma réaction toute personnelle, moi qui regarde toutes ces scènes de destruction de loin, est de penser que les catastrophes n'arrivent jamais "qu'aux autres", parce que j'y suis maintenant rattaché, à ces autres.

Parlez-moi de transnationalisme, pour voir...

J'ai en tête le poème de Voltaire, le Désastre de Lisbonne, un poème qui réflète sans doute les pensées de beaucoup de personnes...

Allez, faites comme nous, et donnez à la Croix Rouge.

日本の皆様、頑張ってください。